2010 • in situ • Épinal

France - Vosges
IUT Hubert Curien, ÉPINAL
Résidence : 18 > 27 janvier
Vernissage : 25 mars - exposition : 25 > 31 mars

Projet initié et produit par ACT
Association Art, Culture et Technologie

LE MONDE DE L'ÉTUDIANT • TRANCHES DE VIES

30 m2 sur les vitres de l'Atrium

impression encres pigmentaires sur kraft laiteux



Calendrier de la commande
• Phase I du 18 au 23 janvier 2010 : prises de vues
Une semaine en résidence à l’IUT, du lundi au vendredi de 8 h à 18 h.
• Phase II du 22 au 25 mars 2010 : restitution du travail réalisé la résidence.
Installation des photographies dans l'Atrium
Contexte
La semaine est dense à l'IUT : en plus de la programmation normale des cours en salles, ateliers et amphi, l'établissement est le théâtre de 2 événements importants : l'élection du Conseil d'Institut et la remise des prix des promos de l'année 2009.
Je ne connais pas du tout Épinal. Je découvre cette ville et son histoire en filigranes, au fur et à mesure de mes rencontres. Le matin, je marche de l'hôtel Ibis à l'IUT, le long de la Moselle. Il fait nuit, les ponts sont "en lumière", c'est très beau, très frais aussi.
Ma démarche
J’ai fait mes études d’arts graphiques dans un environnement plutôt intime, à l’Atelier Met de Penninghen à Paris, sans passer par la case Université. De mémoire, je me suis toujours perdue dans les grands établissements. Ici, c’est ce qu’on attend de moi, que je me perde, avec mon appareil photo, dans ce monde implacable de l’étudiant d'aujourd'hui, cadre de la société de demain.
Très vite, je qualifie cette expérience d'IMMERSION SOCIO-PHOTOGRAPHIQUE.
J’ai “attaqué” la résidence comme le loup qui tourne autour de sa proie, l'observe, essaie de comprendre ses déplacements, de mémoriser ses limites de territoire, ses habitudes, ses peurs, ses plaisirs…
Ma proie, c’est LA VIE DE L’ÉTUDIANT à l’IUT Hubert Curien d’Épinal.
J'ai "carte blanche", avec de jolies contraintes, comme j'aime : contraintes de temps –5 jours-, de lieux –l'IUT, en boucle, avec de petites escapades au R.U. et à la Maison de l'Étudiant.
Le personnel, les étudiants et professeurs ont eu l'information, qu'une photographe allait se déplacer dans l'établissement, qu'il faudra l'accueillir… Mais ce monde est farouche face à l'inconnu. Alors, moi le loup chasseur, j'ai dû apprivoiser ma proie avant de la "shooter".
Mes partis-pris
-- à la prise de vue
• Techniquement, pas de flash, pas de poses lentes sur pied, "faire avec" les hautes lumières, les basses, les contrejours…
• Pas de mise en scène, pas d'image "arrangée" mais l'inverse : "s'arranger" avec la réalité - pas de photo "de famille", pas de photo "séduction" : du brut, de la photographie "directe", du "cash", de la spontanéité, sans bluff - tant pis si on me tourne le dos, si on se cache, l'important, c'est ce qu'il se passe là, tout de suite, maintenant…
• Les portraits serrés et les regards sont consentants - ma demande était d'exprimer face à l'objectif la concentration sur une problématique.
-- pour la production des photographies
• Traitement en noir et blanc - là, on change de dimension. On n'est plus dans le monde réel avec ses nuisances visuelles habituelles : pas de pollution par les couleurs, les marques, les codes. Tout, tous et chacun à la même enseigne : la vérité. Vérité de l'attitude, du regard, de la posture, de la crainte, de la fuite, de l'affrontement, du refus, de la joie, du sourire…
• Présentation des images par 2, en bande horizontale. Chaque "couple" de photographies a sa raison d'être : propos, contenu, esthétique, clin d'oeil, ironie, graphisme, confrontation, association… Au spectateur de trouver le fil conducteur de chaque assemblage…
• Impressions sur un papier kraft laiteux, pas tout à fait opaque, afin de rester dans cette temporalité éphémère.
-- pour l'installation de l'exposition
Un "screenshot" de 30 m2 sur les vitres de l'Atrium. Visible de l'intérieur et de l'extérieur, l'oeuvre est incontournable, on ne pourra pas "ne pas voir" ce mur d'images -dérangeant parfois peut être- qu'il faudra décrypter.
Mon constat
Dans un monde où chacun photographie l'autre avec son téléphone portable, à l'ère des blogs et autres réseaux sociaux où on se livre parfois sans pudeur aucune… l'objectif d'un appareil photo fait peur !
À la présentation du projet, j'avais émis l'idée que ce travail puisse aussi aider les étudiants à se connaître. L'aptitude à savoir "être" passe par l'acceptation de soi et la photographie est un moyen implacable et pertinent pour y arriver.
Ces images sont une tranche de temps, de temps de vie. Ces captures témoignent du monde des étudiants en 2010, où les filles ont les cheveux lisses, où les garçons portent souvent des pulls rayés, où l'ordinateur est prince en attendant d'être roi, où cette jeunesse, belle, interrogative, encore un peu insouciante, évolue dans un superbe écrin de pierres taillées et d'acier galvanisé noyé de lumière. Quand ces étudiants reviendront chercher leurs prix, l'année prochaine ou dans 2 ans, ils traverseront le patio d'un pas décidé… ils seront dans la "vraie vie"…

bande n° 100